Le Mot de Baker : Le Slow Club
Avant de devenir un centre historique de l’histoire du swing et du jazz dans les années 50, le sous-sol du 130 rue de Rivoli était occupé par une mûrisserie de bananes puis par l’Académie des vins, rapidement transformée en cabaret éponyme. Les chansonniers français s’y croisent et aiguisent leurs premiers sketchs, reproduisant à quelques encablures des Tuileries l’ambiance germano-
pratine. Jean Yanne y fera ses premières armes et contribuera à consacrer l’Académie comme une place forte des nuits parisiennes.
En 1954, le 130 devient le Swing Time, dirigé par le chef d’orchestre Braslavsky, proche de Sidney Bechet. Jusqu’au milieu des années 60, le club connaît un succès constant et se pose comme une alternative de qualité aux caves de Saint-Germain. Pour autant, il continuera, jusqu’aux années 2000, à féderer les plus grands musiciens autour de sa prédominance pour le style traditionnel de Nouvelle-Orléans.
La période la plus faste du Slow Club a été 1957-1965. Quand le Yé-Yé a entraîné la jeunesse au Golf Drouot une partie des clients les plus jeunes sont partis. Cependant, en temps que conservatoire de la musique Nouvelle-Orléans traditionnelle, le Slow Club est resté incontournable jusqu’à la fin du millénaire. Les plus grands du genre s’y sont produits, à commencer par le regretté Claude Luter et Maxime Saury à la suite de Sidney Bechet. Il est amusant de constater que la configuration des lieux, qui convenait à la jeunesse existentialiste désargentée et habituée à chercher refuge dans les caves pendant la guerre, est exactement celle des modernes speakeasies qui font rage depuis quelques années en Angleterre et aux Etats-Unis.